En prenant la décision stratégique de participer aux élections municipales et législatives palestiniennes, le Hamas voulait ainsi se présenter comme la deuxième force politique palestinienne, une grande force d’opposition dans le conseil législatif.
La large victoire du Hamas aux élections provoqua la surprise au sein de sa propre direction, ainsi que parmi les acteurs politiques locaux et internationaux. Les négociations autour d’un gouvernement d’unité nationale, menées par le dirigeant pragmatique Ismail Hanieh, nommé premier ministre par le Hamas, n’ont pu aboutir, faute de partenaire.
Les résultats des élections ne furent pas accueillis avec enthousiasme chez les capitales dominantes, mais ils furent au contraire condamnés. Il fallait alors pour eux punir les palestiniens qui ont mal voté ! La décision prise par ceux qui sont censés représenter la communauté internationale, les Etats Unis et l’U. E. consista donc à arrêter le financement de l’autorité palestinienne et à ne pas reconnaître le gouvernement du Hamas. Quant aux régimes arabes, ils fermèrent alors leurs portes au nouveau gouvernement, par peur d’être pris pour « des collaborateurs des organisation terroristes ». Israël de son côté, avait rebloqué les revenus des taxes palestiniennes (55 millions de dollars par mois), et empêché considérablement la circulation à Gaza et en Cisjordanie. La situation palestinienne interne n’était pas des plus faciles. Pour la première fois après trente années à la tête de la direction du peuple palestinien, le mouvement Fatah venait de perdre le pouvoir, ainsi que la légitimité publique. Néanmoins, le Fatah gardait la présidence en la personne de Mahmoud Abbas, qui bénéficie en vertu de la constitution, de larges pouvoirs et du contrôle total aux forces d’ordre. Avant que la confrontation armée prenne la place des tables de dialogue, le gouvernement Hamas fut confronté à toutes ces pressions internes et externes sans être réellement au pouvoir. De quel pouvoir peut disposer un gouvernement sans gestion de ses propres policiers et sans pouvoir payer ses fonctionnaires ?! Peu de temps s’écoula avant qu’une quasi guerre civile entre palestiniens ne fut déclanchée !
Cette guerre entre deux légitimités au pouvoir, coûta au peuple Palestinien des centaines de morts et de blessés, ainsi qu’une grande perte d’espoir. Hamas et Fatah se mirent d’accord sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale chez le roi Abdullah en Arabie saoudite. Hamas accepta bizarrement, en vingt-quatre heures la majorité des conditions politiques israélo-américaines, mais à quel prix ?!
Les deux parties, dans l’accord imposé par les saoudiens (et apparemment d’autres), n’ont pas effectué le bilan des conséquences de leurs actions politiques sur la population palestinienne, et n’ont pas réfléchi à la marche arrière qui a été faite dans la lutte de libération nationale palestinienne, découlant de leurs choix et actes politiques. Il semble pour la population palestinienne, que l’intérêt suprême de ces deux parties se résume au « partage du gâteau du pouvoir », selon l’expression utilisée par les palestiniens eux-mêmes. La majorité des forces politiques sont maintenant présentes dans ce gouvernement d’unité nationale, à l’exception d’une force politique d’opposition au parlement, le FPLP (gauche marxiste) et d’une deuxième qui n’a pas accepté de se présenter aux élections, le Jihad Islamique (nationalisme islamique).
La violence israélienne augmente contre Gaza et la Cisjordanie, et s’accompagne de menaces d’invasion militaire de la bande de gaza, et ce afin de rendre l’honneur perdu de l’armée israélienne après sa défaite au Liban. L’embargo international continu pendant que les américains proposent un nouveau plan pour mettre à genoux les palestiniens.
Mais le plus grave est que la violence sociale tend à remplacer la violence politique. Les clans qui avaient précédemment combattu pour l’un des deux partis, poursuivent leurs affrontements mais sur fond de vengeance personnelle. Et pour la première fois, des groupes inconnus se réclamant du salafisme, attaquent sous des prétextes religieux des cafés internet, des vidéos clubs, et dernièrement une fête dans une école de Rafah. Et face à cela, le gouvernement se retrouve paralysé par les contradictions entre ses dirigeants et ses grands fonctionnaires.
L’actualité sombre de la Palestine ne laisse alors aux palestiniens que la peur de l’avenir.
Wissam
Publié le 8 mai 2007 par
REDhttp://www.jcr-red.1901.org/spip.php?article429